Décès de Gilbert Bailly

Gilbert Bailly nous a quittés ce 1er septembre 2022.
La génération qui a vécu dans sa chair la période de la guerre 40-45 n’est plus. Cette génération a souffert de restrictions, de crises financières, de destruction de son habitat, de la famine. Elle a perdu l’insouciance de sa jeunesse, vu partir ses semblables et ses êtres chers, connu l’exode, la déportation... Elle a combattu, est tombée au champ d’honneur, a résisté, subi la folie des crimes des élites.
Lorsqu’elle a pu traverser la tourmente, elle a relevé ses manches avec courage pour tout reconstruire. Ceci avec une force de résilience suscitant l’admiration. Sans grandes études mais par la volonté de son travail, elle a tout donné à ses enfants, les a aidés, souvent avec peu de moyens, pour qu’ils puissent vivre dans de meilleures conditions. Ceci dans un monde qu’elle voulait meilleur.
NON, je ne pouvais pas la laisser partir dans le silence... Je sais tout ce que nous devons à cette génération. Je vomis le haut de cette véritable pyramide du pouvoir qui veut détruire tous les acquis et les valeurs que cette génération nous a transmis.
Gilbert Bailly naquit le 25 février 1924 à Anderlues. Après la guerre, il vint s’installer à Wez (Brunehaut) épousant Germaine Debled, décédée le 27 mars 2016. J’ai bien connu Gilbert car il m’a livré le témoignage de sa déportation en Allemagne. On peut le retrouver dans «Les maudits du STO au coeur du Troisième Reich» paru en décembre 2017. Gilbert fut recruté pour le service de travail obligatoire et quitta son foyer le 14 janvier 1943. Il fut envoyé au camp de Siegelsbach, un des plus grands dépôts de munitions de la Wehrmacht. Là, il participa notamment à des actes de sabotage. Mi-février 1944, Gilbert fut expédié dans une usine de wagons à Kirchheim, un quartier de Heidelberg. Il y répara les wagons et particulièrement leur toit. Ceci en n’hésitant pas à faire discrètement tout ce qu’il pouvait afin de livrer du mauvais boulot ! Il connut les bombardements. Il fut même emporté par un déplacement d’air et eut la chance de retomber dans un terrain fraîchement labouré. Il eut la vie sauve grâce à l’intervention d’une doctoresse polonaise. Il fut aussi affecté à venir en aide aux civils allemands, ensevelis dans les caves. Au péril de sa vie, il fut contraint de descendre dans les sous-sols recouverts de gravats, provoqués par les bombardements. Dans ce cimetière à ciel ouvert, la mort lui devint familière. Libéré par les Américains, il rentra au foyer le 25 avril 1945.
Sur la fin de sa vie, Jeanne, sa fille attentionnée, me confia qu’il relisait régulièrement mon ouvrage et son témoignage. Comme tous les autres, il n’a jamais pu cicatriser les blessures de sa jeunesse.
Avec la joie de l’avoir connu, je garderai de Gilbert un beau souvenir. Celui d’un petit homme convivial, toujours soigneusement habillé, aimant les plaisirs simples de la vie. Dès qu’il le pouvait, il n’hésitait jamais à ouvrir des fenêtres d’humour provoquant un rire communicatif !
La rédaction du magazine Reflet Flash présente aux proches de Gilbert ses plus sincères condoléances.
Fabien Lemaire
VOUS POUVEZ RETROUVER GILBERT FILME DANS LE CADRE DE LA SORTIE DU LIVRE "Les Maudits du STO au coeur du IIIème Reich" dans la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=V9sID051kiw&t=2s

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Gilbert Bailly Wez STO guerre 40-45